Le mouvement des Amis de Freinet fait l’acquisition d’un terrain situé sur la rive gauche du torrent de Celse Nière, avec l’aide financière de la Mémée, la mère d’Elise. L’idée est d’y organiser des camps de vacances de haute montagne. Encore un exemple, comme les classes de neige et les colonies, du souci de garder le contact des jeunes avec la nature, dans le cadre de la pédagogie conçue par Élise et Célestin Freinet – (points que nous développons plus largement aux étapes 3 et 6 de ce parcours. Faut-il le dire ?)
Le choix d’Ailefroide n’est pas anodin puisque c’est également là que la Fédération sportive et gymnique du travail organise des séjours de vacances, peu de temps après l’instauration des congés payés par le Front populaire en 1936. Ailefroide est donc devenu un lieu de vacances.
Voici un texte intitulé « Camp de haute montagne », paru dans le n°18 de l’Éducateur,
« Un terrain de campement a été acheté pour lequel Mme Lagier-Bruno, présidente des Amis de l’École Freinet, a fait l’avance de fonds. Sur ce terrain situé en bordure du torrent, un chalet de base sera construit au fur et à mesure des possibilités financières ».
Voici les conclusions que nos pionniers avaient tirées de leur séjour à Vallouise :
Nous voulons être dignes de la liberté et pour cela, les grands demandent une plus large
indépendance vis à vis des responsables adultes.
Cela suppose :
a) une organisation indépendante par petits groupes sous la responsabilité de chacun et d’un chef responsable choisi par le Groupe.
b) la mise au point d’un engagement d’honneur pour chaque campeur de rester digne, serviable, actif, dévoué pour le groupe et la population environnante.
c) L’autorisation écrite des parents de laisser faire une expérience dans laquelle leur fils se rendra digne d’une certaine initiative, à sa mesure. »
Ce texte nous renseigne sur la discipline qui était à l’œuvre dans ces camps de haute montagne, ainsi que sur l’enseignement de la solidarité pendant ces séjours. Dans l’École Freinet, Élise explique aussi l’intérêt pédagogique de ces camps de haute montagne :
« Vous pouvez, certes, engager vos enfants sur la route blanche où ne se pose plus aucun problème que celui de suivre passivement le ruban déroulé jusqu’à l’infini. Ce n’est pas ainsi que vous les nourrirez et les enrichirez. Sauvegardez en eux cette joie simple qu’on éprouve à partir hors des sentiers trop piétinés, à se meurtrir aux épines et à s’accrocher aux rochers, d’où l’on découvre les profonds horizons de lumière ; cultivez leur besoin de conquête et de victoire; réservez pour eux la griserie des triomphes sans risquer cependant qu’ils se perdent. »
(Élise Freinet dans L’École Freinet (P.9))
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