L’importance de Serres décline à partir du XVIe siècle. En 1511, le siège du bailliage lui est retiré, transféré à Gap. Les guerres dereligions surtout mettent le village à rude épreue. Serres est pris unepremière fois par les protestants en 1562 puis en 1567 par le capitaine Aurousse.En 1573, sous la conduite de Montbrun, les protestants s’en emparentdéfinitivement. Trois ans plus tard, François De Bonne, Duc de Lesdiguières achètela seigneurie de Serres et y établit une place forte. La ville devient alorsson quartier général et le conseil des églises des Réformées de la province yest installé. Lors de la paix de Poitiers entre catholiques et protestants, en 1577, Serres est reconnu par le roi comme l’une des deux places de sûreté(c’est-à-dire une forteresse avec garnison) pour les protestants du Dauphiné. C’estdurant cette période mouvementée que le temple protestant de l’Auche estconstruit. Plusieurs synodes importants ont lieu en son sein. Un cimetièreprotestant s’y trouve, contre les remparts.
En 1633, le château fait les frais de la politique de lamonarchie absolue. Le cardinal de Richelieu ordonne sa destruction. A partir de 1783, la ville voit son paysage se transformer avec la construction tantattendue des digues. En effet, le Buëch, après la Durance, est la plus importanterivière du Gapençais. Avant cette date, il étendait en maître ses eaux etréduisait à néant les fortifications qu’élevaient contre lui les habitants. Aulong des siècles, les efforts pour maitriser la rivière sont continuels, maisc’est seulement en 1783, que commencent les travaux des premières digues. Ladernière est construite en 1903.
Avec la période révolutionnaire Serres retrouveprovisoirement une part de son rayonnement administratif, puisque la ville devientchef-lieu d’un district couvrant une large partie du Grand Buëch. Mais dès 1800, le district disparaît avec la création des sous-préfectures, et Serresest rattaché à l’arrondissement de Gap. La révolution laisse surtout unhéritage dans la pierre, puisque l’église Saint-Arey, rebaptisée « Templede la Raison », se voit ornée de l’inscription « Liberté EgalitéFraternité » que l’on peut encore apercevoir sur la façade.
En 1805, avec le commencement des travaux de la route deSerres au col de la Saulce et la construction du pont des gorges de la Blème,l’industrie et l’artisanat se diversifie. On trouve à cette époque destisserands, des chapeliers, une usine à pâtes, une fonderie, des fours à chaux,une magnanerie, une tannerie et plusieurs moulins. Ces industriestraditionnelles disparaissent après la 1ère guerre mondiale,desservies peu à peu par la concurrence des produits manufacturés apportés parle train.
La désertification aidant, en 1954 la population n’estplus que de 887 habitants. La municipalité Lambert prend des mesures pour redonnerune impulsion au village, avec la création du « village retraite »,ou cité Lambert. Ce village est le premier de France, et atteste de l’ambitionimportante d’amorcer un redressement démographique. Les efforts de lamunicipalité sont récompensés, en 1965 on compte 1200 habitants. Aujourd’huiserres compte 1300 habitants.
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