La plaine

Passons maintenant au couple Freinet, qui se marie le 6 mars 1926 à Saint-Martin-de-Queyrières. L’histoire dit qu’ils se rencontrent pour la première fois sur un quai de gare à Grenoble, en 1925, mais on sait qu’ils entretenaient déjà une correspondance avant cette rencontre, entamée alors qu’Élise est à Paris pour suivre une formation en dessin et gravure sur bois. D’ailleurs, Élise Freinet apportera une composante artistique importante à la pédagogie développée avec son mari.

Après leur mariage, le couple part s’installer et enseigner à Bar-sur-Loup, dans le département des Alpes-Maritimes, mais reste très attaché à Vallouise et à la vallée.

La plaine qui se trouve devant vous est située en aval de la vallée de l’Onde. Élise, comme nous, aimait s’y promener. En 1941, alors que Célestin est interné, Élise, qui était allée aux pissenlits, lui écrit:

  « La plaine était radieusement verte après la neige. Mon père disait que jamais au 3 mai il   n’y avait de neige dans la plaine et cette observation est valable même pour cette année où la   quantité de neige a été phénoménale. Le paysage était d’une grandeur enivrante avec les   verts tendres des prairies et des blés et au dessus, dans la vallée d’Entraygues, la majesté des   pics immaculés. »

Ce texte d'Élise à Célestin Freinet nous renseigne sur le rapport et la sensibilité d'Élise vis-à-vis de la nature et de son environnement. Cette sensibilité sera au cœur de la pédagogie qu'elle et son mari expérimentent dès le début des année 1920, lorsqu’à la suite de la Première Guerre mondiale, Célestin doit adapter ses méthodes pédagogiques à sa condition physique diminuée par une blessure.

En plus de la composante artistique, Élise Freinet apporte à cette pédagogie un souci de rester en lien avec la nature, dans l’idée de rester en bonne santé. Dans « Vous avez un enfant », édition la Table Ronde, 1962, Élise Freinet insiste sur cet aspect :

  « Ces secrets de bonne santé sont mis ici à votre portée. Ils ne relèvent, comme vous le   voyez, d'aucune espèce de sortilège. Bien avant nous déjà, l'athlète de Sparte leur devait sa   beauté et ses performances sportives. Çà et là, au cours des siècles et de par le monde, des   sages isolés en ont ressuscité les aspects et de nos jours, la science médicale, à mesure   qu'elle se fait plus dialectique et moins dogmatique, tend à en justifier les fondements   essentiels. Retrouver ces lois simples qui sommeillent dans l'innocence de l'instinct, c'est   aller vers la vigueur physique et la santé. C'est aussi, pour le malade, aller vers la guérison,   car la santé et la maladie ne sont que deux aspects d'un même problème. »

On retrouve aussi ce souci de la santé dans son ouvrage Classes de neige, écrit avec Claude Pons :

  « Conserver un sang clair qui ne redoute pas la congestion et facilite les échanges   intercellulaires, en absorbant une nourriture saine, vitaminée, frugale, peu riche en   albuminoïdes et en corps gras industriels. Habitués à un végétarisme sans excessive rigueur,   nos enfants ont continué à manger, avec un appétit de jeunes loups, les mets variés   substantiels qui leur sont habituels. »

C’est notamment à l’alimentation qu’Élise Freinet s’est intéressée, au point d’y consacrer deux ouvrages, raconte en 1983 Janette Le Bohec dans le n°38 du Bulletin des Amis de Freinet :

  « Dans une pédagogie de totalité, il était normal d'inclure la santé. Elise s'en préoccupe très   tôt et fait paraître Principes d'alimentation rationnelle que ne désavoueraient pas les bio   d'aujourd'hui. Plus tard, ce fut « la Santé de l'enfant ».
            Son œuvre est marquée par l'ampleur, la diversité et surtout par son actualité. »
  (Janette Le Bohec, Bulletin des Amis de Freinet n°38 de juin 1983)

On a d’ailleurs retrouvé des traces de menus servis aux enfants dont s’occupait le couple Freinet. Au petit-déjeuner, du malt au lait avec des tartines de beurre. Au déjeuner, des crudités variés tels que du chou vert, des carottes râpées, de la salade verte et des olives noires, accompagnés d’endives en sauce blanche garnies de pommes de terre. Avec en dessert, un gâteau de riz aux œufs et des oranges. Au goûter, on servait aux enfants du malt au lait, du pain beurré et du camembert. Et enfin, au dîner, un potage aux légumes, du pain de ménage et une noix de confiture maison.

 

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