Muséographie - 'Les abbayes chalaisiennes'

Clairecombe

Située sur la commune de Ribiers, en fond de vallon sur un étroit plateau, tout près des sources du Rif ou torrent des Combes qui arrose Ribiers, Clairecombe ou Clarescombre est une fondation de Lure édifiée sur un territoire offert par le seigneur de Mevouillon.

Après trois quarts de siècle d'existence, l'abbaye penchait déjà vers sa ruine. En 1278 de graves démêlés opposaient les quatre moines du monastère à leur abbé Olivier, qu'ils déposèrent ; ils en nommèrent un autre. En 1282 un procès s'engagea entre les chevaliers de Saint Jean de Jérusalem d'un côté et le seigneur Bertrand de Mevouillou, et les moines, de l'autre. Les chevaliers de Saint Jean prétendaient que le monastère leur appartenait. L'abbé Olivier avait-il cédé et donné forme légale à cette cession, au Monastère de Saint Jean ?

Un acte du 23 juillet 1290, fait apparaître l'ordre de Saint Jean en possession de Claircombe et nous apprend clairement qu'il avait gagné ce procès. Saint Jean fit de Clairecombe une dépendance de sa petite commanderie de Saint Pierre Avez, puis au cours du 15ème siècle l'annexa à sa commanderie de Joucas en Contat Venaissin. Le titre d'abbé de Claircombe ne s'éteignit pas ; il passa au commandeur de Saint Pierre et ensuite à celui de Joucas.

Vivant sur un domaine de maigres forêts exploitées à l'extrême ne donnant plus aucun revenu et de terres défrichées, dépouillées de tout sol arable par les pluies, l'abbaye était d'une extrême pauvreté et ce fut la misère qui entraîna prématurément sa fin moins d'un siècle après sa fondation. Les guerres de religion achevèrent la ruine des bâtiments. En 1880, J.C Roman dans son répertoire archéologique écrit : 'Ces ruines sont assez considérables ; la chapelle avait la forme d'une croix latine, la façade et le chœur sont détruits etc.…'

Depuis le temps et les hommes ont poursuivi leur œuvre dévastatrice, et les ruines finissent de disparaître pour ne laisser que quelques traces !

Claircombe 'val de la lumière et de la clarté' présente aujourd'hui l'intérêt de son site.

Pour y accéder, partir de Ribiers, suivre la départementale 948 en direction de Larage ; à environ 300 m de la sortie de Ribiers, prendre à gauche et remonter vers les sources du torrent en restant sur la rive gauche. Demander aux habitants le chemin qui conduit à 'la vieille église'.


Clausonne

Située dans le cirque verrouillé par deux étroits défilés, l'un communiquant avec le Saix par la gorge du Guaraou, l'autre avec Vitrolles par la vallée élevée de Peyssier, avec pour seul horizon les hautes crêtes voisines, Clausonne est la première fille de l'abbaye de Lure (diocèse de Sisteron), elle-même fille de Boscodon de l'ordre de Chalais.

Quelques documents notariés ou épiscopaux éclairent sur la prospérité très relative, car elle resta toujours extrêmement pauvre, et sur la survie de Clausonne. En septembre 1304 l'abbaye abritait 12 moines comprenant outre l'abbé le prieur claustral, le sacristain, le cellérier et des frères convers.

Mais à la veille des guerres de religion il ne restait plus de religieux. Le fermier Jean Jausserand occupait les lieux. A cette époque 'l'église et d'autres édifices sont assez entretenus et honnêtement réparés...'. Hélas les protestants l'incendièrent et détruisirent ses titres vers 1573 - 1574. L'abbaye ne devait plus se relever. Il ne subsiste aujourd'hui de l'abbatiale que quelques portions de mur et les parties basses des murs déblayés qui révèlent le bel appareillage d'origine ; la porte des convers dégagée et l'armarium reconstruit grâce aux informations fournis par les pierres retrouvées fortuitement donnent cependant une idée précise de ce que fut cette église.

En 1993 des travaux de restauration purent commencer à protéger le chevet plat où il restait encore des traces de fenêtres romanes. Le bénitier et la pierre d'autel ont été transportés dans les jardins de l'église du Saix.


Lavercq

Située dans les Alpes de Haute Provence, près de Lauzet-Ubaye, à 1500 m d'altitude dans la haute et vaste vallée du grand Riou de la Blanche, c'est un des plus beaux sites chalaisiens entouré de hautes montagnes et de riches forêts de sapins.

Première fondation de Boscodon en 1135 le prieuré de Laverq est cité 'possession de Boscodon' dès 1146 dans une lettre du pape Eugène III ; détruit dès 1354 à la suite d'un incendie, Boscodon le garda sous sa dépendance jusqu'aux guerres de religions et recueillit ses moines.

Aujourd'hui, c'est un hameau de deux ou trois maisons rassemblées autour de sa charmante petite église au toit de bardeaux ; seul un pan de mur auquel s'est appuyé une grange, témoigne du prieuré ; ce mur, consolidé, sauvegarda sa fenêtre romane dont la face externe aujourd'hui, était à l'origine la face interne du chevet de la chapelle du prieuré. Un très beau bénitier décoré sur le côté, d'un écu orné d'une croix, apparaît en remploi dans le mur d'un poulailler.

A découvrir : le site exceptionnel. Pour s'y rendre, quitter la Nationale 100 de Gap à Barcelonnette, 6 km après le Lauzet-sur-Ubaye ; prendre à droite la route étroite menant à Saint Barthélémy, puis le chemin de Terre conduisant à 'l'abbaye' (4 km).


Lure

Située sur le versant méridional de la montagne de Lure à 1236 mètres d'altitude au confluent de deux combes, l'église Notre Dame de Lure est pratiquement la seule partie conservée de l'ancienne abbaye créée en ce lieu vers 1165 par Guigues de Revel, abbé de Boscodon avec l'appui de l'évêque de Sisteron et grâce aux dons de nombreux seigneurs et propriétaires locaux.

Durant le dernier quart du XIIème siècle et le XIIIème siècle, l'abbaye connut son apogée : une vingtaine de moines, autant de convers et quelques donats. Les donations se multiplient ; de nombreux prieurés, situés pour la plupart dans la vallée de la Durance sont affectés à l'abbaye. Une telle prospérité moins de vingt ans après sa fondation conduit les moines de Lure en collaboration avec ceux de Boscodon à essaimer dans le diocèse de Gap (Hautes Alpes), à Clausonne vers 1185, puis près de Ribiers (Hautes Alpes) à Clairecombe où naquirent ainsi deux abbayes.


Paillerol

Situé en bordure d'un plateau dominant la Durance entre Oraison et les Mées, l'existence du prieuré de Paillerol (ou Pailherol), au diocèse de Riez, est attesté par une lettre du pape Alexandre III confirmant les possessions de Boscodon. Il fut très important pour celle-ci à cause de ses terres alluviales riches en blé. Par sa situation sur le cours moyen de la Durance, il annonce les fondations plus méridionales, prieurés ou abbayes de plaine (Valbonne - Pierredon) qui servaient de greniers ou de pacage aux abbayes d'altitude.

Il resta la propriété de Boscodon jusqu'en 1770, et les derniers restes de construction romane appelés Château de Paillerols étaient très importants.

Les derniers éléments furent effacés en 1960 par l'EDF lors de la création du canal de Provence. Il ne reste enfoui sous les ronces qu'un puits roman de 53 m de profondeur en pierres appareillées.

Le propriétaire du château actuel, d'époque empire, conserve diverses pierres importantes de la chapelle : bénitiers, fonds baptismaux et quelques chapiteaux. A quelques kilomètres, la chapelle Saint Honorat dépendant du prieuré subsiste avec sa porte caractéristique de l'époque chalaisienne.

Pour s'y rendre, prendre à Oraison, la route D 4 allant vers les Mées. Au village de Dabisse, tourner à droite, à 2 km environ, franchir le canal.


Pierredon

Dernière-née des abbayes chalaisiennes après Valbonne, la plus méridionale, l'abbaye de Pierredon (ou Puyredon) est située au cœur des Alpilles dans une cuvette en bout de vallée au milieu des bois et des prairies à proximité de Mouriès.

En 1205, Michel de Mouriès, évêque d'Arles cède à Jourdan et Guillaume abbés respectifs de Chalais et Boscodon l'église de Sainte Marie de Pierredon pour y établir une abbaye avec un abbé et douze moines ; ainsi les moines purent-ils utiliser immédiatement un lieu de culte en excellent état, dont la modestie et l'austérité correspondait parfaitement à l'esprit qui les caractérisait.

Malgré tout, la nouvelle communauté, respectueuse des canons architecturaux de l'Ordre entreprit la modification des lieux en construisant le croisillon nord de la chapelle ; le mur du croisillon est doublé en attente de voûte, une armoire est également ébauchée ; le tracé des travaux à effectuer est matérialisé au sol, notamment le chœur plat et le croisillon sud.

Jusqu'en 1257 Pierredon se développe rapidement : dons, achats de terres, de moulins ; mais de graves conflits opposent l'archevêque Jean de Baussan aux consuls de la République d'Arles. Le célèbre Barral des Baux, seigneur dont dépend l'abbaye, hostile au clergé, est appelé au gouvernement de la République d'Arles. Les domaines ecclésiastiques sont saccagés. Rivalités, réconciliations se succèdent.

Le 20 novembre 1257 Bernard Rostaing abbé à Pierredon et ses frères cèdent à Barral des Baux tous les droits, cens et tasques qu'ils possèdent au château de Mouries et tout son territoire.

Ces troubles ont lourdement pesé sur la prospérité et les travaux des moines, interrompant leur projet de mise en conformité avec les règles de l'Ordre.

A compter de cette date les archives deviennent muettes. En 1312 l'abbaye de Boscodon, récupère Pierredon comme prieuré qui en demeurera une dépendance jusqu'en 1550.

Toutes les fondations chalaisiennes s'uniront les unes après les autres à d'autres institutions ; seule Boscodon persistera mais en changeant de règle en 1407. Sainte Marie de Pierredon sera sécularisée le 26 mai 1550 et selon toute vraisemblance achetée alors par la commune de Saint Rémy.

Le tracé du monastère se retrouve encore très nettement visible bien qu'englobé dans les bâtiments édifiés au cours des siècles.

Pierredon est propriété privée.


Prads Faillefeu

Elle est située dans la vallée reculée du Riou de l'Aune, affluent de la Bléone à 9 km au-dessus du village de Prads, adossée à une belle forêt de sapins et fut fondée par l'abbaye de Lure, avec des moines venus de Boscodon. Tout d'abord dénommée abbaye de Prads, elle prit le nom de Faillefeu à partir de 1290 du nom de la forêt avoisinante. Vers 1200, elle fut assez prospère pour fonder l'abbaye de Valbonne au diocèse d'Antibes à la demande de l'évêque Olivier, instaurant une nécessaire transhumance hivernale pour ses moutons.
Comme les autres abbayes de l'ordre, dès la seconde moitié du XIIème siècle elle connaît des difficultés en raison de la mauvaise conduite d'un abbé.

En 1295, elle tenta de s'affilier à l'abbaye cistercienne de Valmagne au diocèse d'Agde, puis en 1298 elle entra dans l'ordre de Cluny avant de s'unir en 1448 au Collège de Saint Martial d'Avignon.

Les guerres de religion ruinèrent l'abbaye et ses bâtiments à l'abandon livrés au pillage. Il ne reste rien de très lisible : seuls quelques traces au sol de l'ancienne église qui semble n'avoir pas eu de chapelle latérale dans le croisillon sud, quelques pans de murs du moulin, les murs de la sacristie enterrée maintenant utilisée comme cave et quelques pierres taillées et sculptées, en réemploi dans les bergeries.

Pour s'y rendre : prendre la nationale 100 de Digne à la Javie, puis la D 107 à Prads. Ensuite par un mauvais chemin on remonte à Tercier et à Faillefeu ; l'abbaye est à 300 m de la fin du chemin carrossable.

 

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